ARCHIVED Intelligence logicielle - Introduction
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Ainsi qu’il est suggéré par le choix du titre, le champ notionnel décrit en priorité est celui de l’IA analytique, axée sur la recherche cognitive et le génie logiciel. Les apports de la logique, de la psychologie, de la linguistique et de la philosophie à la représentation des connaissances et à la modélisation du raisonnement y occupent une place conforme à leur rôle dans les principaux domaines d’applications IA : reconnaissance, compréhension et synthèse de la parole et des formes, développement de systèmes experts et d’outils logiciels, traitement du langage naturel, apprentissage et programmation automatiques.
La logique matérielle des machines de traitement symbolique et subsymbolique y est également décrite, ainsi que les concepts de base, introduits d’abord en physique, mathématiques et neurosciences, qui caractérisent l’IA analytique. Leur présence se justifie en ce que, selon une dialectique rarement démentie dans l’histoire des sciences, les divergences qu’ils marquent aujourd’hui préfigurent les points de convergence de demain.
De dimensions et d’intentions modestes, ce dictionnaire se distingue toutefois des vocabulaires taxinomiques usuels par le souci de réintégrer la terminologie à sa combinatoire sociolinguistique : des exemples d’utilisation illustrent les collocations et les stéréotypies dont les termes définis forment le noyau; des renvois croisés en signalent les relations dans l’univers notionnel sous-jacent; les notes renseignent le lecteur sur l’origine et l’évolution de certaines notions ou sur les particularités linguistiques de leurs désignations.
La recherche terminologique est solidement ancrée dans l’usage réel : tous les termes sont attestés dans une riche documentation française répertoriée dans la bibliographie. Ce sont, pour la plupart, des néologismes créés depuis 1960, dont les emplois et les définitions ont été vérifiés par un groupe de spécialistes de renommée internationale. Leur consensus sur des termes très récents, en cours d’acceptation, encourage l’espoir que ce recueil contribue à l’harmonisation d’un usage parfois tâtonnant.
La néologie est saisie dans ses aspects formels, sémantiques et pragmatiques, à la fois distincts et indissociables. Ainsi, la dénomination d’un concept nouveau relève de facteurs socio-culturels tels l’universalité, la transparence symbolique, les qualités mnémotechniques et la créativité individuelle, qui déterminent l’acceptabiité du néologisme dans un groupe social. Le phénomène des concepts nomades - impossible à ignorer dans les activités pluridisciplinaires - souligne la dimension psycholinguistique du sentiment collectif de la nouveauté : le terme d’un technolecte connexe peut migrer vers l’IA et y faire figure de néologisme qu’il soit ou non accompagné d’un changement sémantique. La nouveauté formelle obtenue par dérivation, composition, siglaison ou emprunt externe est déclenchée par la nouveauté sémantique, quand elle n’est tout simplement que l’expression de la mobilité de l’ensemble lexical ou du besoin de renommer. D’autre part, la nouveauté sémantique concerne les néologismes de sens, les syntagmes lexicalisés, les emplois analogiques et figurés tout en étant un élément constitutif des néologismes formels. Elle se conçoit difficilement en dehors du fonctionnement concret du langage ou du renouvellement de la pensée, et se constate à profusion dans un domaine d’activité qui n’existait pas il y a quarante ans, et dont les concepts furent véhiculés d’abord en anglais.
C’est d’ailleurs pour mieux répondre aux besoins ressentis en traduction et pour faciliter l’emploi du français en tant que véhicule d’expression scientifique dans les échanges internationaux, que nous avons choisi le modèle de présentation bilingue comprenant un lexique anglais-français, et une section autonome pour les sigles et les appellations courantes dans les deux langues. Deux autres particularités de mise en forme ne manqueront pas d’intéresser le traducteur : les renseignements ponctuels sur les différentes acceptions d’un terme, et la présence - en vedette - d’adjectifs, de verbes et d’éléments phraséologiques générateurs de lexies complexes, rarement répertoriés dans les vocabulaires usuels.
Les définitions agrémentées d’exemples, et parfois de citations, n’ont pas toujours l’exhaustivité du savoir stabilisé. Elles visent plutôt à renseigner l’étudiant sur des significations sans cesse débattues, redéfinies, mouvantes et ouvertes. L’ensemble des rubriques lui facilitera toutefois l’acquisition d’une certaine compétence communicative en lui laissant apercevoir le flux discursif d’une communauté intellectuelle dont la langue est aussi l’enjeu d’une théorisation et dont l’abstraite technicité n’exclut ni l’esprit de finesse, ni le sens de l’humour.
Autant que de renseigner sur un domaine d’avant-garde, cet ouvrage médiateur cherche à saisir le devenir du néologisme dans l’interaction parfois conflictuelle d’une triple nécessité : transparence des caractéristiques universelles, appropriation de l’antériorité terminologique, originalité envers et contre les jadis et les ailleurs du déjà-dit. Si le lecteur lui trouve une utilité pratique, son but aura été atteint. Si, par bonheur, il suscite l’intérêt de l’intelligentsIA francophone, anime le dialogue dans les milieux de la terminologie ou les incite à faire encore mieux et plus en matière de dictionnaires spécialisés, alors il aura été un succès.
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